Ce XO de la petite distillerie martiniquaise – petite par la taille et non par la qualité de ses rhums, bien au contraire – est en réalité un 11 ans d’âge. En effet, après une distillation dans la colonne créole “maison”, il a d’abord été placé en fût ex cognac de mars 2006 à octobre 2014, date à laquelle il a été transféré dans un fût ex bourbon pour y reposer jusqu’au 28 juillet 2017, date de son embouteillage. On a fait le calcul pour vous : 11 ans de vieillissement !
La seconde caractéristique de ce rhum est qu’il a été embouteillé “full proof” c’est à dire sans réduction de son degré d’alcool à la sortie du fût avec de l’eau de source. À notre connaissance c’est une première chez Neisson.
Ce sont 5 fûts de 190 litres en tout qui ont ainsi permis de produire cette série limitée.
La note de dégustation de Nico
En bref : boisé – fruits – torréfaction – épices douces – fumée – sec – complexe
Au nez, la rondeur du boisé est saisissante et assez unique. D’un air naturel, comme si de rien était, ce boisé débouche sur une mangue à la chair bien jaune, à parfaite maturité, dont on s’imagine alors parfaitement ronger le noyau. Quelques notes de bois chauffé et de noix de coco plus tard, les fruits à coque bien gras expriment toute leur gourmandise.
L’aération conserve exactement le même profil, avec sans doute des arômes plus puissants et saisissants. Le rhum se déploie plutôt que de s’éventer, il renverse nos dernières défenses avec un boisé assez incroyable de présence et de richesse. Le temps permet d’apprécier toute la complexité des arômes qui tissent ce rhum : cuir, noix, épices, boite à cigare, biscuit sablé…
L’attaque en bouche est étonnamment douce, elle démarre par un gentil boisé vanillé qui cependant appuie très vite et très fort sur la pédale d’accélération. Elle nous propulse alors dans une tornade de fruits à coque, de bois toasté, de noix de coco grillée, de vanille, de mangue très mûre, et autres réjouissances toutes généreuses et tropicales. Le voyage n’est pas brutal pour autant, on se laisse volontiers emmener.
La finale est longue et gourmande, elle se recentre sur le chêne toasté qui délivre une vanille et une coco particulièrement savoureuses.
“Neisson ou le grand art dans le domaine du boisé. La patte de la maison est bien reconnaissable, et au-delà de cela, contempler la complexité qui s’y trouve est un privilège que l’on se félicite de s’offrir…”