Madagascar

L’histoire du rhum à Madagascar

La canne à sucre est présente depuis bien longtemps sur la grande île de Madagascar, et même bien avant l’arrivée des premiers navigateurs occidentaux… Lire plus

L’histoire du rhum à Madagascar

La canne à sucre est présente depuis bien longtemps sur la grande île de Madagascar, et même bien avant l’arrivée des premiers navigateurs occidentaux… Lire plus

L’histoire du rhum à Madagascar

La canne à sucre est présente depuis bien longtemps sur la grande île de Madagascar, et même bien avant l’arrivée des premiers navigateurs occidentaux. On pense qu’elle est arrivée d’Inde, et qu’elle a également été colportée par les commerçants arabes. On a d’abord consommé la canne de bouche, ainsi que son jus fermenté.

Les premiers européens abordent les côtes de Madagascar aux alentours de 1500. Les portugais, les hollandais et les français commencent les premiers échanges avec le pays. La première colonie française s’établit à Port-Dauphin (aujourd’hui Tolagnaro) en 1642. Le capitaine Rigault de la Compagnie des Indes Orientales a cependant du mal à développer son activité, car la canne est utilisée par défaut, les coutumes locales lui préférant le miel. Le fait que cette partie de la côte soit beaucoup fréquentée par les pirates et les marchands d’esclaves ne lui facilite pas la tâche non plus.

Ces derniers introduisent les eaux-de-vie, surtout le rhum, et l’alcoolisme devient rapidement un fléau au début du XIXème siècle. Le roi Radama 1er en meurt d’ailleurs en 1828. Sa veuve, la reine Ranavalona 1ère tente de contrôler cette épidémie, mais la haute société a déjà pris des habitudes occidentales et ne montre pas l’exemple.

Les premières distilleries de rhum

Quelques français comme De Lastelle et Jean Laborde entrevoient le grand potentiel de l’île, et créent leurs plantations ainsi que leurs sucreries / distilleries. L’île de Nosy-Be est colonisée par la France en 1840. La première sucrerie y est édifiée en 1854. En 1860, y compte un certain nombre de planteurs, mais une seule sucrerie. Les distilleries fleurissent en revanche, les malgaches préfèrent toujours le miel au sucre de canne mais en apprécient néanmoins l’eau-de-vie.

En 1861, à la mort de la reine, Radama 2 libéralise les importations d’eaux-de-vie, et en priorité du rhum. L’histoire se répète, et l’alcoolisme fait à nouveau des ravages. En 1864, on recense 36 plantations et 9 sucreries sur l’île de Nosy-Be. On n’en dénombre plus que 18 en 1877. Leur rhum est davantage consommé sur Nosy-Be, et n’est que très peu envoyé sur l’île principale.

En 1888, les importations de rhum continuent et s’élèvent à 13 % du total des importations du pays. C’est un record, qui ne tient en outre pas compte des importations clandestines. En 1889, 31 plantations / sucreries sont de nouveau présentes sur Nosy-Be. 16 d’entre-elles possèdent leur propre distillerie. La répartition et la distribution des rhums dans le pays ont changé, puisque désormais la grande majorité est envoyée sur la grande île.

Madagascar devient une colonie française

L’occupation française intervient en 1895 avec la prise de Tananarive. Dans la foulée arrivent des réunionnais de l’île voisine, grands consommateurs de rhum.

L’eau-de-vie locale est alors appelée « toaka ». Elle est très répandue et populaire. Devant chaque case, on trouve un baril et un gobelet, et chacune d’entre-elles devient un petit bistrot. Ce rhum de pur jus de canne est aromatisé à l’aide de plantes, qui lui donnent souvent un goût anisé.

La toaka est distillée dans de grandes marmites appelées « vilanibe ». Elles sont pour la plupart en terre, et équipées d’un bras en bambou ou en métal. Le rhum empreinte ensuite un condenseur en serpentin métallique, traversant un récipient rempli d’eau, en bois ou en maçonnerie.

On la consomme surtout lors de fêtes rituelles comme celle de la circoncision, ou à l’occasion de funérailles.

En plus du rhum industriel issu de ses grandes sucreries, Madagascar importe des rhums de l’Île Maurice, de la Réunion ou de Mayotte.

Au début du XXème siècle, Madagascar exporte de grandes quantités de rhum vers la France. Il est destiné à soutenir les soldats de la première guerre mondiale.

L’entre-deux guerres

Le rhum industriel continue de se développer avec l’industrie du sucre, et continue d’être exporté après la guerre. En 1922, les autorités françaises souhaitent freiner un peu les importations, et ce d’où qu’elles soient, sur un marché désormais saturé. Elles instaurent donc des taxes réduites sur un certain contingent de rhum. Cependant, elles désirent à la fois entretenir le dynamisme de l’économie locale malgache.

Le contingentement est donc large et généreux en ce qui concerne Madagascar, ce qui a pour effet d’augmenter significativement la production et les exportations. Ces dernières passent ainsi de 162 hectolitres en 1921 à 1 225 en 1924. Elles passent même à 3 951 hectolitres en 1934, puis 6 487 en 1937 et enfin 10 613 hectolitres en 1938 !

En 1939, on compte 6 distilleries de mélasse et 12 de pur jus de canne. En 1940, Madagascar continue d’exporter 8 888 hectolitres de rhum. Mais la guerre finit par imposer ses conséquences, et ce chiffre chute à 27 hectolitres en 1943. L’île distille et exporte toujours, mais il s’agit désormais davantage d’alcool utilisé comme carburant. Après la seconde guerre mondiale, les exportations de rhum reprennent encore plus fort, et atteignent les 15 500 hectolitres.

Les distilleries les plus importantes sont alors celles de la sucrerie de La Bourdonnais (à Tamatave), de la Société Sucrière de Mahavary (province de Diego Suarez), de la Société Sucrière Marseillaise de Majunga et de Nosy-be.

L’indépendance de Madagascar

En 1947, Madagascar connaît un souffle indépendantiste accompagné d’une insurrection et d’une répression sanglantes. Cela perturbe un temps l’activité, mais en 1954, la raffinerie moderne de la Sosumav ouvre ses portes. Elle développe la mécanisation, améliore la technique de fabrication du sucre, et grâce à l’irrigation, atteint des chiffres de production records. Le secteur du sucre et de la mélasse grimpe ainsi en flèche, jusqu’à l’indépendance qui survient en 1960. Les marchés du sucre et du rhum s’effondrent alors, et c’est la fin des exportations.

Elles reprennent dans les années 1970, avec de grands acteurs situés à Ambilobe, Nosy-Be, Namakia et Brickaville. Les petits planteurs continuent de cohabiter avec les grandes usines, et chacun a son public : la consommation locale pour les premiers et l’export pour les secondes.

La production diminue ensuite dans les années 1980 et 1990. Mais Madagascar peut compter sur le soutien de l’Europe qui maintient ses commandes, avec des prix d’achats soutenables. Niveau rhum, les industriels ne produisent en revanche quasiment plus que de l’alcool à plus de 90 %. La production de toaka continue, et reste une tradition importante du point de vue local.

Le rhum et le sucre de Madagascar au XXIème siècle

Au cours des années 2000 est annoncée la fin de la protection des prix d’achat de sucre par l’Europe. L’équipement industriel a en outre pris du retard dans l’entretien, il est de plus en plus vieillissant. Les conditions sont difficiles pour le secteur, et les usines de Nosy-be abandonnent le sucre pour ne plus se consacrer désormais qu’au rhum.

Dans les années 2010, on analyse puis on restructure le secteur du sucre. On encourage l’industrie qui survit tant bien que mal, mais qui progresse, avec la réouverture de sucreries par des groupes importants comme Vidzar (qui est notamment à la tête des rhums Dzama).

La production du rhum à Madagascar

Aujourd’hui, le rhum de Madagascar se résume avant tout à Dzama. Son nom lui vient de l’usine Dzamadzar, édifiée sur Nosy-be en 1929. La marque a quant-à elle été créée plus tard, en 1980. Le succès a été rapide et massif, ce qui a conduit Lucien Fohine, le fondateur, à transférer la production sur la grande île dès 1984.

Son rhum de mélasse est distillé en colonne, et a la particularité d’être vieilli dans des fûts de whisky provenant de la maison Chivas.

Quelques petites marques existent également au niveau local, comme Rhum 303 (Ambalavao) qui distille du pur jus en alambic, Cap d’Ambre (Diego Suarez) et Grantera, lancée en 2014 par la brasserie Star.

Enfin, comme sa voisine La Réunion, Madagascar est une île où règne la culture du rhum arrangé. Lire moins

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