HERR comme High Ester Rum Réunion : il s’agit en effet d’un rhum d’une richesse aromatique hors du commun, obtenue grâce à une fermentation très longue. Utilisé habituellement en petite quantité dans l’assemblage d’autres rhums vieux, il est embouteillé ici tel quel à son degré naturel (c’est un brut de fût).
C’est un “grand arôme” riche en éléments non-alcools, c’est à dire en molécules qui donnent le goût au rhum.
De plus, contrairement aux 2 autres rhums “grand arôme” de chez Savanna qui sont blancs (non vieillis), celui-ci a été mis en vieillissement en 2006 pour une durée de 10 ans.
Chaque bouteille est numérotée à la main et provient d’un fût de Cognac unique lui-même numéroté. C’est un rhum très surprenant, pour amateurs avertis…
La note de dégustation de Nico
Le nez de ce High Ester Rum est complètement fou. Tout en force, il développe dans les premiers instants des notes de fraise tagada ou de sorbet à la fraise, puis de coulis de fruits rouges. Quelques eaux-de-vie de fruits prennent le relais : pruneau, mûre, cassis. Le rhum ressemble à une résine collante et dorée, avec son caractère végétal et médicinal (menthe). Cela découle sur une sorte de cola avant de revenir sur une crème glacée à la fraise. On ne peut pas le comparer au grand arôme classique de la marque, on n’a pas le même genre de lourdeur. Ici les herbes sont fraîches, le basilic passe, tout en légèreté. Les fruits rouges font part égale avec une myriade de notes fraîches : un boisé teinté de pomme qui évoque le Calvados, de la poire, des épices (poivre du sechuan, baies rouges)…
A l’aération le rhum ne perd pas de sa force bien entendu, mais les fruits rouges s’épaississent. On a maintenant de la cerise amarena acidulée et confite. C’est un nez déroutant, différent de tout ce que l’on peut connaître. Il développe des arômes de telle façon que l’on a plutôt l’impression de sentir un parfum. Ces arômes s’entrechoquent dans un paradoxe qui désoriente : poudre de bonbon à la banane et saumure, fruits exotiques au sirop et bois précieux.
Le rhum, très envahissant, enveloppe la bouche avec un sirop de grenadine et une tisane aux fleurs (hibiscus). Il accroche ensuite la langue avec une astringence marquée. Puis c’est une longue phase de chauffe, toute en douceur, qui s’installe : cola, l’olive de son cousin le Lontan, les fruits rouges, l’ananas…
La fin de bouche est sucrée et acidulée, avec un côté tisane réglisse / menthe que l’on aurait boosté au rhum jamaïcain (Hampden). C’est très long en bouche mais sensiblement moins que le Lontan.
“C’est tout simplement incroyable et finalement possible d’obtenir de tels arômes grâce à des procédés naturels, sans ajouts…”