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Retour sur le Whisky Live 2017

La grand messe du Whisky Live tenait ses fidèles en haleine depuis des semaines, et c’est fébriles qu’ils se sont rendus ce week-end de fin septembre sur les quais de Seine à Paris. Les grands noms du rhum sont toujours présents à ce bel événement et gardent leurs meilleurs flacons pour l’occasion.
La présence de grands professionnels et d’amateurs toujours plus éclairés en fait un rendez-vous unique et tout ce petit monde se mélange dans une ambiance de communion.
Voici un résumé de ma journée du lundi, forcément partiel et partial, avec de belles découvertes et de chouettes rencontres.

Bally Marc Sassier

La journée commence sous les meilleurs auspices, Marc Sassier est présent derrière le stand Bally où il présente, entre autres, le dernier brut de fût de la maison, un millésime 1999 sélectionné pour LMDW.
L’expérience du brut de fût était à l’origine un heureux accident. En effet, le dépotage du millésime 1998 avait été effectué dans deux cuves. On avait réduit le rhum comme à l’accoutumée dans une, et laissé le rhum brut de fût dans l’autre. On avait prélevé par erreur des échantillons destinés au distributeur dans la cuve de rhum non réduit, or le distributeur les a trouvés tout à fait à son goût et a demandé un embouteillage tel quel.

Bally 1999

Voici donc un deuxième brut de fût Bally qui titre à 54,5%. La couleur du rhum frappe immédiatement, il est extrêmement foncé. Marc explique que 1999 était une année très sèche et que le rhum obtenu a favorisé l’extraction des fûts neufs utilisés pour cette cuvée. Il raconte qu’en soutirant le rhum pour la première fois et en voyant cette couleur si foncée, il pensait que cette cuvée serait fichue car à l’œil c’était un véritable “jus de bois”. Mais il se trouve que bien que boisé, ce rhum est avant tout très fruité, les tanins sont bien présents mais extrêmement fondus. Les notes de fruits secs et fruits confits sont très fragrantes et se corsent petit à petit alors qu’un registre plus torréfié se met en place.
En bouche, le profil est parfaitement fidèle au nez, de la rondeur, du fondu et des touches de cacao. Les fruits secs persistent longuement en bouche.

Juste en face, changement complet de décor avec Worthy Park et le sémillant Alexander que l’on prend plaisir à retrouver de salon en salon.
Après avoir commencé à reprendre la main sur ses embouteillages (ses rhums étaient uniquement vendus en vrac jusqu’à récemment) avec les Rum Bar, la distillerie jamaïcaine lance un rhum “signature” appelé Single Estate Reserve ainsi que deux finitions en fûts de vin.

WP rum bar

Arrêtons nous d’abord un instant sur le Rum Bar Gold (46%) qui remplace petit à petit le Worthy Gold (40%). Un peu plus rude que son prédécesseur, ce jeune rhum aura besoin de temps pour développer les arômes gourmands de banane séchée si reconnaissables de cette distillerie. Il s’avère globalement plus simple et classique, ce qui affirme plus nettement sa vocation de rhum à mixer.

WP reserve

Le “Reserve” est quant-à lui un véritable rhum de dégustation. C’est un assemblage de rhums de 6 à 10 ans vieillis en ex fûts de Bourbon et qui titre à 45%. On y retrouve toutes les qualités des rhums de Worthy Park, un fruité à la fois moelleux et exubérant, une touche de résine et de la pâte d’amande. Les amateurs connaissent bien ce profil qui a déjà été proposé par de nombreux embouteillages indépendants, mais ceux qui ne connaissent pas la distillerie ou ceux qui comme moi en raffolent se régaleront de ce mètre étalon de la maison.

WP oloroso

La distillerie se prête également à l’exercice des finish avec tout d’abord un rhum élevé 4 ans en ex fûts de bourbon puis un an en ex fûts de Sherry Oloroso. Les 59% servent très bien le nez qui, après une bonne aération, offrira une élégance certaine à ce rhum puissant et généreux. Le finish apporte de la finesse avec des notes de cerise, de noix et de résine de pin. Au nez comme en bouche, c’est un Worthy Park plutôt serré et équilibré.

WP marsala

L’autre finish proposé à été effectué en ex fûts de Marsala (même compte d’âge et un petit degré de plus). Ce rhum est très différent du précédent, beaucoup plus rond et crémeux. Les notes d’amande et de boisé fondu vont cette fois dans le sens du rhum de départ et jouent moins le contraste et l’équilibre. Elles se joignent au contraire à la banane écrasée pour un profil très gourmand.

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Ambiance 2

J’ai eu beau tourner autour et essayer de le garder pour plus tard, je me suis vite retrouvé sur le stand Velier. La désormais mythique maison Italienne nous avait mis l’eau à la bouche quelques jours auparavant en présentant un Navy intriguant. En tant que fan inconditionnel de la série, j’attendais également de goûter la dernière mouture des Rhum Rhum Libération.
Deux rhums n’avaient cependant pas fait l’objet d’un teasing aguicheur : l’obscur rhum blanc Mexicain Paranubes et le nouveau Clairin Le Rocher.

Velier Paranubes

Velier Paranubes Back

Il se trouve que le premier sera mon cœur de cette année. Ce Paranubes (54%) est un rhum de pur jus de canne fermenté spontanément et distillé en petite colonne en cuivre. Son nez est tout simplement délicieux, naturel, avec une canne extrêmement douce et fraîche et des arômes qui rappellent le maïs doux ou le cœur de palmier (certains diront le ketchup, et c’est étrange mais plutôt vrai !). La bouche est assez poivrée, à fond sur la canne, avec une finale aux touches métalliques et fermentées. Une eau-de-vie de canne (aguardiente de cana) tout à fait séduisante et rafraîchissante dans sa simplicité.

Velier Clairin

Deuxième rhum blanc et deuxième sourire de satisfaction : le clairin Le Rocher. C’est un rhum de sirop de canne (pur jus réduit) issu d’une fermentation naturelle et d’une distillation en alambic. Il est embouteillé à son degré naturel, soit 43,5%. Il est à classer dans la famille des grands arômes ; son nez est relativement acide et salé, sur l’olive, puis s’ouvre sur un véritable bonbon de canne. Il est rond en bouche et assaisonné à point, un délice.

Velier Navy

L’assemblage de style Navy est composé de Caroni de plus de 20 ans, de rhums du Demerara (vieillissement continental) de plus de 15 ans et de rhums de Jamaïque de plus de 12 ans. Avec un âge moyen pondéré de 17,42 ans (quelle précision !) on se doute que le Caroni représente une bonne part de l’assemblage. C’est en effet ce qui ressort à la dégustation : nous sommes en présence d’un Caroni aux notes très exotiques, sans doute poussées par la partie Jamaïcaine du blend. Le côté Demerara ressort d’avantage en bouche avec des fruits à coque caramélisés et quelques pointes d’oxydation. Les 57,18% réglementaires sont très bien intégrés et ne se mettent pas en avant un seul instant, il s’agit bien d’un Navy de luxe.

Velier Libe 2017

Enfin, la découverte tant attendue du nouveau Libération 2017. Seule la version intégrale était disponible (il en était de même sur le stand Capovilla où j’ai dû arriver trop tard). Il s’agit d’une distillation de pur jus de canne de 2010 “libérée” en 2017, c’est donc la suite du Libération 2015 issu de la même distillation. Son plus grand âge fait qu’une aération plus longue que d’habitude sera nécessaire pour révéler le caractère de ces rhums si uniques. Au départ plutôt sec et boisé, il s’ouvre sur une atmosphère tropicale et humide, faite de tabac et de boisé fondu. Si je devais le comparer à l’édition précédente, je dirais que ce sont les fruits à coque bien gras façon Neisson qui marquent une différence. Il est rond en bouche, une prouesse pour ses 58,4%, et surtout très long. C’est un rhum complexe qui méritera d’être dégusté au calme lors de sa sortie prochaine…

L’espace VIP se trouvait un peu plus loin, dans un recoin du grand espace de dégustation, je m’y suis glissé assez rapidement pour voir ce que le public du weekend nous avait laissé.

Les embouteillages prévus pour les 70 ans de Velier étaient bien là mais la plupart des bouteilles avaient déjà été vidées, j’ai du me contenter d’un peu de lèche vitrine :

70 mount gilboa

70 karukera

70 Hampden

70 Encrypted

70 chamarel

70 Caroni

70 Bielle

Wild Parrot

Heureusement, il restait bien entendu quelques pépites comme le nouveau Wild Parrot de Stefano Cremaschi. Ce brut de fût de la distillerie Hampden de Jamaïque a été distillé en 1998 et titre à 64,5%. Très peu de bouteilles sortiront car la part des anges et l’absence d’ouillage n’ont laissé qu’un demi-fût à embouteiller. C’est un Hampden plutôt cool et rond, fidèle au style exubérant de la distillerie mais avec de douces notes crémeuses de chocolat au lait. Légèrement fumé en bouche, il m’a accompagné un bon moment alors que je me promenais autour du bar.

70 St Lucia

Un seul embouteillage de rhum de l’anniversaire Velier avait survécu lors de mon passage. Il s’agit d’un Sainte Lucie de 7 ans (2010-2017) vieilli sous les tropiques, brut de fût, et sélectionné par Ian Burrell. C’est un Sainte Lucie comme souvent très herbacé, médicinal et boisé, qui serait à mi-chemin entre un rhum de Jamaïque et une Chartreuse. Ce profil mérite une bonne aération afin que le côté végétal ne rejoigne le côté plus simplement “rhum”, et qu’un certain côté alcooleux ne s’estompe. Cette patience sera récompensée par une belle concentration et un caractère rafraîchissant.

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SS

La gamme d’embouteillages Silver Seal accroche forcément le regard avec ses étiquettes toujours aussi magnifiques, mais aussi par l’étendue de son programme. Même si ces successions de figures imposées proposées par les embouteilleurs indépendants finissent par se suivre et se ressembler, on ne résiste pas à une dégustation et on n’est jamais à l’abri de tomber sur un petit trésor.

SS haiti

Premier rhum de la série : Haïti. A priori, il s’agirait d’un rhum issu de chez Barbancourt, mais on ne reconnaît pas du tout les marqueurs classiques de la marque. Ici nous avons un style très sympa, frais, végétal et plutôt lourd qui rappelle les aguardientes Cubaines. S’agirait-il d’un rhum utilisé pour enrichir les assemblages chez Barbancourt ou alors d’un rhum de chez Vieux Labbé qui utilise des eaux-de-vie façon clairin ?

SS barbade

Le Barbade (Foursquare) est plutôt du style pâtissier, agrémenté d’une touche végétale, un peu à la façon guadeloupéenne, avec également un côté fumé en bouche.

SS TDL

Le Trinidad (TDL) est agrémenté d’un aspect un peu goudronné. Plutôt simple hormis cela, il est assez punchy en bouche.

SS PM

Le Port Mourant semble plutôt jeune et fringant. Très fruité (banane verte, ananas, papaye), il donne aussi une impression métallique et propose un boisé brûlé un peu dur. On pourrait le comparer à un Fidji.

SS uitvlugt

L’Uitvlugt a besoin d’une très longue aération que je n’ai malheureusement pas pu lui donner.

SS caroni

Le Caroni semble jeune lui aussi malgré son âge respectable. Assez fin, il est dans un exotisme contenu et équilibré. Les notes de goudron apparaissent plutôt en finale.

SS hampden

Le Hampden est une version assez light et crémeuse, c’est une bonne approche en douceur du style.

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Ambiance 1

Retournons à l’espace principal du salon, une envie d’agricole commence à se faire sentir après toute cette mélasse (rien de péjoratif dans ce terme bien au contraire !). Dans ces cas là, quoi de mieux que Neisson pour se remettre à l’ouvrage ?

Le stand étant pris d’assaut, je me suis concentré sur deux rhums uniquement : L’Esprit Bio et le XO full proof.

Neisson esprit

L’Esprit de Neisson irradie une magie inaltérable, et le bio semble apporter un plaisir supplémentaire. La canne y est mise à nu, détaillée sous toutes ses coutures : sa paille, sa fibre, son jus sucré ; tout cela explose en bouche et s’efface comme une caresse, c’est tout bonnement sublime.

NeissonXO

J’ai personnellement beaucoup aimé le dernier XO et son boisé inimitable, je ne pouvais donc pas passer à côté du full proof (degré naturel, non réduit). L’intérêt réside plus dans le non-ajout d’eau que dans le degré lui-même. C’est-à-dire que l’impression de concentration l’emporte sur celle de puissance, et c’est en cela que je trouve que cette version est très réussie.

Karukera

Nous avons pu assister à l’ouverture d’une carafe exceptionnelle, celle du fût 65, un single cask sélectionné par Luca Gargano dans les chais de Karukera en Guadeloupe. Ce millésime 2006 est la première mise en vieillissement d’un rhum purement Karukera qui auparavant travaillait avait des jus de chez Longueteau. L’équipe de la distillerie a visiblement pris plaisir à partager ce rhum avec nous et c’est ce qui a rendu le moment unique.
C’est un rhum complexe, au nez immédiatement ouvert, généreux et flatteur. La canne est parfumée de notes fruitées, florales, d’épices, de boisé délicat. Il est soyeux en bouche et s’efface tout en légèreté. C’est un rhum élégant et fin, au nez parfumé et à la bouche veloutée, qui mise vraiment plus sur la délicatesse que sur l’intensité.

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FAIR

FAIR 10

Fair Spirits ne cesse de prendre de l’ampleur. La marque multi-spiritueux s’est concentrée sur son rhum du Belize depuis un certain temps, en proposant de multiples versions à différents degrés, jusqu’à ce brut de fût de 10 ans qui titre à 66,3% et qui montre tout le potentiel de ce rhum qu’ils connaissent maintenant sur le bout des doigts.
Son nez s’ouvre sur un petit vernis qui laisse vite place à de la coco grillée et surtout à un équilibre très savoureux de fruits à coque caramélisés, de vanille et de bois, le tout sur fond de fruits cuits. La bouche intense imprime ces saveurs sur le palais et donne l’impression d’un rhum résineux. On retrouve des sensations proches des rhums du Demerara, c’est une vraie réussite.

Plantation

Les rhums Plantation n’ont pas non plus fini de faire parler d’eux. Après la série des “Extrêmes”, revoici un joli single cask de Jamaïque, issu de la distillerie Long Pond dont les rhums se font relativement rares.
La maison Ferrand (maison mère de Plantation) a d’ailleurs participé à la réouverture très récente de la distillerie en devenant propriétaire de la West Indies Rum Distillery de la Barbade, elle-même actionnaire de la distillerie Long Pond.
Ce rhum est un gentleman jamaïcain, riche et exubérant, mais aussi raffiné et mesuré. Sa famille d’arômes le rapproche d’avantage d’un Hampden que d’un Worthy Park, pour vous aider à le situer. La bouche est pleine et savoureuse, mais cependant un peu grasse sur la fin.

La journée avait excellemment bien commencé avec Bally, elle ne pouvait mieux finir qu’avec Savanna qui était encore venue avec plein de nouveautés. Cette distillerie réunionnaise est hyperactive et hyper créative, pour notre plus grand bonheur.
Une fois n’est pas coutume, commençons par les rhums vieux, les deux rhums blancs présentés étant de véritables bombes aromatiques, idéales pour terminer la journée, mais qui ne laissent aucune chance à d’éventuels suivants.

Savanna Creol

Le Creol finition Calvados est un rhum agricole brut de fût de 9 ans qui a vieilli en fût de Cognac. Il se trouve que la réduction d’un rhum ayant bénéficié d’un finish a tendance à faire justement ressortir ce finish. Ici, afin que le rhum conserve son caractère et que ce finish n’emporte pas tout (ce qui est souvent le cas avec les finitions en fûts de Calvados), on a choisi de l’embouteiller à son degré naturel, soit 61,4%, et cela fonctionne très bien. On a donc un joli rhum vieux avec une puissance que l’on retrouve très rarement dans les agricoles vieux des Antilles, avec des notes acidulées en finale.

Savanna HERR finish

L’Intense 10 ans finition HERR a lui aussi été embouteillé brut de fût, même si l’on a choisi cette fois un rhum plus doux à 50,8%. C’est un rhum traditionnel (de mélasse) qui cette fois ci, selon moi, est emporté par son finish. Étant donnée la puissance aromatique du HERR, il pouvait difficilement en être autrement, mais j’aurais sans doute aimé un meilleur équilibre.

Savanna Lontan

Le Lontan est un rhum grand arôme, à la concentration aromatique extrême. Il est d’ordinaire embouteillé à 40%, ce qui lui confère un côté crémeux et une palette aromatique d’une largeur incroyable. Une version à 57% avait déjà été proposée pour les 60 ans de LMDW. Elle montrait un visage plus dur du Lontan, moins pâtissier et vraiment axé sur la fermentation.
Cette nouvelle version à 57%, bien que fermentée simplement 6 jours comme c’est le cas depuis ces dernières années (contre les 12 jours pratiqués auparavant, des améliorations techniques ayant été apportées et permettant de réduire la durée de fermentation tout en gardant la même intensité aromatique), offre une rondeur en bouche tout à fait enveloppante et une richesse aromatique toujours aussi bouleversante. Le Lontan blanc parfait ?

Savanna HERR

Le HERR blanc est issu de la distillation qui avait donné naissance au HERR 10 ans. Une partie du rhum restant a depuis séjourné en cuve, et nous avons donc un rhum blanc qui a reposé durant 11 ans ! Sur le papier, il en a perdu en concentration aromatique, son niveau de congénères l’excluant même de la famille des grand arômes. L’équipe de Savanna explique cependant que si la quantité d’esters est inférieure à celle du Lontan, la variété de ceux-ci et leur largeur sur le spectre sont elles plus importantes.
Toujours très porté sur les fruits rouges, il est moins bourru que le vieux mais m’a moins convaincu en bouche à cause d’une sorte de sensation d’humidité, de renfermé.

En conclusion, encore une belle édition du Whisky Live, avec des produits intéressants et quelques véritables coups de cœur, surtout en rhums blancs. Encore une fois, les dégustations en salon donnent un aperçu des produits et leurs conditions font qu’elles ne sont pas toujours pertinentes. Certaines déceptions peuvent être oubliées lorsque re-dégustées au calme, et il en va de même parfois pour les coups de cœur.

Ces journées se révèlent être de véritables marathons et le fait qu’un grand nombre de rhums sortent aujourd’hui à très fort degré ne facilite pas les choses. Avec le recul, je me rends compte que la majorité des rhums dégustés étaient des bruts de fûts. Cette tendance est réjouissante car elle montre un intérêt certain du public et des producteurs envers les rhums purs et intacts, mais les dégustations ne sont pas toujours de tout repos !

Nico de l’équipe Rhum Attitude

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